Pour commencer, retenez que la plupart des préhistoriens font la distinction entre 3 grands types d’arts préhistoriques : l’art mobilier, l’art rupestre et l’art pariétal.
Un peu d’histoire des sciences…la reconnaissance des arts préhistoriques
La reconnaissance de l’art mobilier et de l’art pariétal s’est déroulée durant la seconde moitié du XIXe siècle et le début du XXe siècle. Cette lente reconnaissance prend place dans le contexte particulier d’émergence de la préhistoire en tant que discipline scientifique. En effet, celle-ci sera officiellement reconnue comme tel à partir de 1859.
Cependant, les premières traces d’arts préhistoriques ont été découvertes bien avant l’émergence de la préhistoire en tant que domaine disciplinaire distinct. Par exemple, en 1833, un bâton percé orné de motifs géométriques a été découvert sur le site d’Etrembières à Veyrier en Haute-Savoie (France).
Cette découverte, ainsi que plusieurs autres, passeront totalement inaperçues. En effet, à cette époque, ni l’ancienneté de l’Homme ni son évolution n’étaient encore reconnues, et l’idée même d’un art préhistorique était encore loin d’être envisagée. Certaines peintures sur parois ont même été découvertes bien avant le XIXe siècle, comme en témoigne la mention des peintures animales de la grotte de Rouffignac dès 1575. De même, la grotte de Niaux avait été visitée au XVIIe siècle sans que l’on se pose la question de leur origine artistique.
À cette époque, ces peintures n’avaient guère été remarquées, car leur importance n’était pas encore reconnue. La notion de Préhistoire n’existait pas encore, et il n’y avait donc aucune raison de s’attarder sur ces peintures pariétales. Le paradigme intellectuel de l’époque ne permettait pas de telles considérations. Ceci souligne l’importance de notre capacité à étudier et envisager uniquement ce que nous sommes en mesure de percevoir et de conceptualiser à une époque donnée. Dans un contexte où l’existence de la Préhistoire n’était pas reconnue, il était impossible de considérer les découvertes mentionnées précédemment comme relevant de cette époque.
Ce n’est qu’à partir des années 1860 que les découvertes d’art mobilier et d’objets décorés ont commencé à se multiplier. Cela a soulevé la question de leur ancienneté et de la possibilité d’un art qualifié alors de « primitif ». Cependant, ce n’est qu’en 1864 que l’adhésion de la communauté scientifique sera totalement acquise avec la découverte du célèbre mammouth de la Madeleine. Il s’agit de la représentation d’un mammouth gravé sur de l’ivoire…de mammouth ! Découverte en mai 1864 par un ouvrier d’Edouard Lartet, un personnage très important aux débuts de la Préhistoire, cette plaquette gravée est présentée à l’Académie des Sciences en août 1865. L’ancienneté de la gravure est confirmée grâce aux nombreux détails anatomiques représentés, notamment le clapet anal, qui n’est visible que par un observateur ayant pu voir un mammouth de très près. Il devint alors évident que l’artiste de cette gravure avait dû voir des mammouths de son vivant. Les êtres humains ont ainsi bien côtoyé des animaux aujourd’hui disparus et ont représenté ces derniers sur des objets, constituant ainsi l’une des premières formes d’art.
En ce qui concerne l’art pariétal, sa reconnaissance a été plus tardive. Pourtant, les premières œuvres découvertes sont les dessins d’Altamira publiés en 1879 par leur découvreur, Marcelino Sanz de Sautuola. Suite à l’annonce de la découverte de ces peintures, Emile Cartailhac, préhistorien français et directeur de la revue Matériaux pour l’histoire primitive et naturelle de l’Homme, envoie Edouard Harlé en tant qu’expert afin d’effectuer une étude des dessins et déterminer leur authenticité. Le rapport de cette étude est publié sous forme d’article dans la revue Matériaux pour l’histoire primitive et naturelle de l’Homme en 1881 et prône que ces dessins sont une supercherie. En effet, si l’art mobilier est accepté, cela est en partie dû à son côté peu spectaculaire et à des objets considérés comme relevant plus de l’artisanat que de l’art véritable. Il en va tout autrement pour l’art pariétal.
La grotte d’Altamira, considérée aujourd’hui comme l’un des sites d’art pariétal les plus importants d’Europe, tombe dans l’oubli. Il faudra attendre 1901 et la découverte des grottes de Combarelles I et de Font-de-Gaume aux Eyzies-de-Tailhac (Dordogne) pour que l’art pariétal soit reconnu comme tel. Cette reconnaissance est portée par une nouvelle génération de préhistoriens, avec à leur tête Henri Breuil qui deviendra bientôt une figure incontournable de la discipline. Cartailhac, qui avait réfuté en 1879 l’authenticité des peintures d’Altamira, publie en 1902 un article aujourd’hui célèbre intitulé « Les cavernes ornées de dessins. La grotte d’Altamira, Espagne. « Mea Culpa » d’un sceptique » où il reconnaît l’authenticité de ces peintures. Ceci marque officiellement la reconnaissance de l’art pariétal.
Laissons de côté ces questions historiques, et intéressons nous maintenant aux particularités des 3 grands types d’art.
L’art mobilier
L’expression « art mobilier » désigne des objets en pierre ou en matières dures d’origine animale (os, ivoire, bois de cerf) gravés ou sculptés. Ces objets présentent des formes et des fonctions diverses. En effet, il peut s’agir d’objets utilitaires, comme les sagaies ou harpons, ou d’objets purement décoratifs, comme par exemple des statuettes ou des galets peints. Par conséquent, il n’y avait pas de distinction nette entre l’aspect technique et l’aspect esthétique d’un objet.
Ce sont principalement des figures animales et des motifs géométriques qui sont représentés sur les objets. Nous pouvons noter une concordance entre le motif représenté et la forme du support. En effet, il n’est pas rare que la morphologie et la proportion de l’objet dicte le sujet et la représentation de celui-ci.
L’art mobilier englobe parfois les ornements corporels, comme par exemple les parures.
L’art rupestre
L’art rupestre désigne les gravures, peintures et sculptures réalisées sur des rochers, dalles, blocs ou sur les sols à l’air libre.
Les motifs les plus courants de l’art rupestre sont les représentations animales et les signes géométriques.
Une région très connue pour l’art rupestre préhistorique est la vallée de la Coâ au Portugal. Plusieurs milliers de figures animales ont été gravés sur les parois de cette vallée.
L’art pariétal
L’art pariétal désigne les gravures, peintures et sculptures réalisées cette fois-ci au sein des grottes ou dans les abris sous roche. Tout comme pour les deux formes d’art précédentes, les sujets les plus représentés sont les animaux et les motifs géométriques. Du point de vue de la réalisation des peintures, les deux principales couleurs utilisées sont le noir, obtenu à partir d’oxydes de manganèse ou de charbon, et le rouge, obtenu à partir d’oxydes de fer sous forme d’hématite pure ou en mélange avec des argiles.
L’art pariétal porte une attention particulière au choix du support. En effet, les peintures sont réalisées en exploitant le relief de la paroi, les anfractuosités, les reflets, les creux et bosses, donnant ainsi une dimension tridimensionnelle aux œuvres et témoignant d’une maîtrise artistique remarquable.
Quelle est l’origine de l’art ? Pour espérer obtenir une réponse à cette question, il faudra attendre un prochain article ! Pour rester informé.e de nos actualités et dernières publications, vous pouvez vous abonner à notre newsletter. N’hésitez pas également à nous suivre sur nos différents réseaux sociaux ( Instagram, Facebook, Twitter et TikTok) et à rejoindre notre communauté Discord. Le contenu proposé est différent selon chaque réseau, vous offrant ainsi votre dose quotidienne de Préhistoire ! Vous pouvez également nous retrouver sur YouTube et écouter notre podcast Prehistor’hic !
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Bibliographie :
[1] Fritz Carole, L’art de la Préhistoire, Citadelles & Mazenod, 2017.
[2] Paillet Patrick, Qu’est-ce l’art préhistorique, CNRS éditions, Paris, 2018.
[3] Roussot Alain, L’art préhistorique, Editions Sud-Ouest, 2017.