Génétique et liens de parenté au site funéraire de Gurgy

Partager cette actualité scientifique

Rivollat et al., “Extensive pedigree reveal the social organization of a Neolithic community”, Nature, vol. 620, August 2023.

https://www.nature.com/articles/s41586-023-06350-8

En Préhistoire, les systèmes de parenté ayant pu exister au sein des communautés ne peuvent être étudiés que grâce aux restes archéologiques et biologiques découverts lors des fouilles. L’étude des isotopes, du sexe et de l’âge des individus enterrés peut fournir des informations sur la structure démographique de la population étudiée lorsqu’elle constitue une communauté funéraire. La génétique, en permettant de déterminer les liens de parenté par exemple, joue également un rôle dans ces études.

C’est ce que propose une étude parue récemment dans la revue Nature qui a analysé le génome de plus de 100 individus provenant du site funéraire de Gurgy « les Noisats » (France). Ce site est daté d’il y a environ 4850 à 4500 ans avant notre ère.

L’étude a permis de mettre en évidence plusieurs éléments concernant l’organisation sociale de la communauté. Ainsi, il existe 2 groupes familiaux principaux : le groupe A, regroupant 64 individus ayant tous des liens de parenté entre eux et s’étalant sur 7 générations, et le groupe B, regroupant 12 individus, également tous liés entre eux et s’étalant sur 5 générations.

Les différentes générations sont principalement liées par une ascendance masculine. En effet, tous les descendants sont reliés entre eux par la lignée paternelle de la première génération. De plus, à l’exception de 2 individus, aucune mère adulte n’a de parents ou d’ancêtres enterrés au sein de cette communauté.  Ceci, ajouté au fait que très peu d’individus de sexe féminin sont des descendantes des deux groupes principaux, suggère que cette communauté était patrilinéaire, avec une origine exogène des femmes du groupe.

Concernant l’organisation des sépultures, il a été démontré que les liens de parenté ont influencé leur disposition. Par exemple, les sépultures entre un père et un fils sont physiquement beaucoup plus proches que celles des autres membres de la famille. Cela est également vrai pour les relations autres que père-fils. Les frères et sœurs de la 4ème génération ont tous été enterrés à proximité les uns des autres. Autre exemple, le fils d’une mère adulte a été enterré au-dessus d’elle. Ainsi, l’organisation spatiale des sépultures forme des regroupements organisés en fonction des liens de parenté plus ou moins étroits entre les individus.

Enfin, un autre élément à noter est le nombre élevé de frères et sœurs adultes, qui suggère un taux de mortalité relativement faible parmi les enfants.

Ce site funéraire n’a été occupé que pendant quelques décennies.