Avis aux amateurs de paléo-pathologie. La chirurgie crânienne au Néolithique

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Marina Escolà. La chirurgie crânienne du néolithique alsacien: état de la question. Bulletin de la Société préhistorique française, 2022, 119 (2), pp. 295-324. hal-03738889

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“Les connaissances acquises sur le mode de vie des premières populations néolithiques alsaciennes sont dues à une conjoncture favorable: l’expansion du courant néolithique danubien, la forte implantation humaine dans les plaines de loess, la bonne conservation de milliers de tombes et l’exploitation récente des terres à des fins de constructions immobilières. Ces conditions optimales ont conduit à la découverte et à l’étude de quatre cas alsaciens attribués à des actes chirurgicaux. Celui d’Hoenheim-Souffelweyersheim (Bas-Rhin), l’un des plus anciennement identifiés, provient d’un contexte rubané récent. Ce sujet, âgé, porte une vaste dépression frontale droite perforée en son centre pour laquelle on peut avancer l’hypothèse d’une extraction d’esquilles osseuses après un traumatisme. L’ouverture de l’os crânien, d’abord conséquence de l’abrasion de la table externe et du diploé, a été reprise et agrandie. L’intervention a pu faire suite à une phase d’observation selon un protocole que l’on peut qualifier de médical. L’intérêt de deux autres lésions crâniennes réside dans la complexité du diagnostic posé ou à débattre puisque le pathologique se mêle ou doit se démêler…du mchirurgical. Dans le cimetière danubien d’Ensisheim “les Octrois” (Haut-Rhin), la sépulture 44 conservait les restes d’un sujet dont la voûte crânienne portrait deux vastes dépressions, TR-1 (65 mm x 63 mm) et TR-2 (95 mm x 91 mm) dans la région médiane, interprétées, à leur découverte, comme des craniectomies cicatrisées. L’étude de ces deux altérations de la voûte nous fait entrevoir la complexité du diagnostic différentiel. Elle met en lumière la diversité des pathologies envisageables et le manque d’études récentes sur les processus de cicatrisation de tels défauts crâniens. La nécropole de Lingolsheim (Bas-Rhin), de contexte néolithique moyen Grossgartach, a livré une sépulture riche en mobilier d’accompagnement: la tombe XLIV. Le jeune adulte qui l’occupait était porteur d’une lacune crânienne qualifiée de double trépanation. L’étude des phases d’altération et de cicatrisation des berges de l’orifice permet d’identifier une suite de trois évènements qui ont conduit à la perforation de l’os crânien et dont l’origine pathologique, taphonomique ou anthropique mérite d’être discutée. Le diagnostic de trépanation pour le sujet de Riedisheim (Haut-Rhin), dont l’attribution chronologique reste vague (Néolithique final-Bronze ancien), est étayé par la présence de quelques stries instrumentales encore visibles sur l’os crânien, malgré une cicatrisation notables des berges de l’orifice.”