Chris O. Hunt et al., « Shanidar et ses fleurs ? Reflections on the palynology of the Neanderthal ‘Flower Burial’ hypothesis”, Journal of Archaeological Science, 159 (2023).
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0305440323001024
Le site de Shanidar jouit d’une grande notoriété en Préhistoire, étant l’un des plus anciens sites où des sépultures néandertaliennes ont été mises au jour, suscitant ainsi des interrogations sur d’éventuelles pratiques symboliques de la part de l’Homme de Néandertal. Une sépulture particulière, celle de l’individu mâle nommé Shanidar 4, soulève des questions, car selon les chercheurs de l’époque il aurait été inhumé sur un lit de fleurs. Cette conclusion se fonde sur les analyses des pollens prélevés à l’intérieur de la tombe et qui appartiennent à différentes espèces de fleurs présentes actuellement autour du site.
Néanmoins, une réétude palynologique (spécialité étudiant les pollens en contexte archéologique) publiée en novembre 2023 dans la revue Journal of Archaeological Science remet en question ce scénario.
En effet, les chercheurs avancent plusieurs arguments s’opposant à l’idée d’un individu déposé sur un lit de fleurs :
- Tout d’abord, les différentes espèces de fleurs identifiées ne sont pas présentes dans les environs de la grotte au même moment (du moins actuellement, et les conditions climatiques et environnementales ont peu changé). Par conséquent, il semble improbable que les individus néandertaliens aient pu récolter ces fleurs pour les déposer simultanément dans la sépulture ;
- La sépulture est restée ouverte pendant un an avant d’être fouillée, ce qui laisse ainsi largement le temps d’une contamination contemporaine par les pollens des fleurs environnantes ;
- Selon les chercheurs, le mélange de pollens serait plus probablement le résultat d’une accumulation par des abeilles solitaires, qui auraient accidentellement déposé le pollen qu’elles transportaient dans le sol. En effet, de nombreux terriers de ces abeilles ont été découverts dans le sol de la grotte.
Par conséquent, il semble peu probable que la présence de pollen dans cette sépulture résulte d’un lit de fleurs sur lequel aurait été déposé l’individu néandertalien. Cela n’enlève toutefois rien à l’importance de cette sépulture du point de vue archéologique.