Dong et al., “Dual domestications and origin of traits in grapevine evolution” Science 379, 892-901, 2023
https://www.science.org/doi/10.1126/science.add8655
Une étude publiée dans la revue Science fait reculer de presque 3 000 ans la domestication de la vigne ! Pour parvenir à ce résultat, les auteurs ont séquencé génétiquement 3525 échantillons de vignes dont 2503 appartenant à Vitis vinifera (la vigne domestique) et 1022 à Vitis sylvestris (la vigne sauvage). Les données génétiques et les analyses statistiques ont éclairci plusieurs points quant à l’histoire de la vigne.
La vigne sauvage, Vitis sylvestris, s’est séparée en 2 lignées en réponse aux fluctuations climatiques survenant durant le Pléistocène. Ainsi, une première lignée se développe dans la région du Caucase et en Asie de l’ouest (nommée Syl-E) tandis qu’une seconde lignée se développe en Europe centrale et dans la Péninsule ibérique (nommé Syl-W). Ce qui est surprenant est que deux événements de domestication indépendants mais concomitants vont avoir lieu à partir de la lignée Syl-E, donnant ainsi naissance à la vigne domestique, Vitis vinifera. Un premier centre de domestication émerge au Caucase pour la vigne utilisée pour fabriquer du vin. Le second centre de domestication apparaît en Asie de l’ouest pour le raisin de table. Ceci remet en cause le modèle alors accepté qui était de considérer que les vignes destinées à la fabrication de vin ont été domestiquées avant les vignes destinées à fournir le raisin de table.
La domestication de la vigne a donc eu lieu à l’est de notre continent, au Caucase et en Asie de l’ouest. Celle-ci est estimée à 11 000 ans contre 8 000 ans auparavant. La domestication de la vigne a donc eu lieu très tôt, en même temps que les débuts de l’agriculture ! Par la suite, la vigne se répand à travers les voies de migration humaine en Europe et Afrique du nord. Différents événements de métissage vont avoir lieu entre les groupes Syl-E et Syl-W contribuant à une diversification des types de raisins.