Deux espèces, deux environnements différents

Partager cette actualité scientifique

Art – Kaedan O’Brien, Nicholas Hebdon, J. Tyler Faith, “ Paleoecological evidence for environmental specialization in Paranthropus boisei compared to early Homo”

Journal of Human Evolution 177 (2023), 103325

Available online April 2023

Entre 2,7 et 1,2 millions d’années (abrégé par Ma par la suite), plusieurs espèces d’Hominines ont coexisté en Afrique. Ce fut par exemple le cas des espèces Paranthropus boisei, une espèce s’étant éteinte vers 1,2 Ma et qui est caractérisée par des structures crâniennes extrêmement développées, et Homo habilis, la première espèce appartenant au genre Homo qui émerge vers 2,8 Ma. Une question récurrente est celle des niches écologiques occupées par ces espèces. Il est communément admis qu’Homo habilis est plus flexible d’un point de vue écologique et s’adapte à différents types d’environnements tandis que Paranthropus boisei est plus « spécialisé » à un type d’environnement. Néanmoins, il est difficile de tester quantitativement cette hypothèse. C’est pour cela que cette étude propose de quantifier ces associations environnementales en se fondant sur l’étude des assemblages fauniques (=ensemble des fossiles appartenant à des animaux non humains), et plus particulièrement des bovins.

En effet, les espèces animales, tout comme les espèces végétales, sont inféodées à un climat et un environnement. Les chercheurs ont ici utilisé les fossiles d’Hominines et assemblages fauniques provenant de la formation de Koobi Fora (Kenya, Afrique). En effet, ce site a livré une quantité importante de fossiles d’animaux datés entre 1,98 et 1,38 Ma ainsi que des restes d’Hominines présents dans ces mêmes niveaux archéologiques. Cette importante faune permet donc d’établir une haute résolution de la variabilité environnementale à cette époque. Dans cette étude, des méthodes statistiques sont mises en œuvre afin de déterminer s’il existe bien un lien entre le type d’environnement et l’espèce d’Hominine étudiée.

Il faut ici faire attention aux biais de conservation entre les différents assemblages fauniques étudiés mais les résultats montrent Homo habilis semble effectivement occuper une plus grande variété d’environnements allant d’environnements secs type savanes à des prairies, en passant par des environnements forestiers. A l’inverse, P. boisei semble plus restreint à un environnement type savane boisée.

Retrouvez l’article complet ici